Tahmuit le serpent gardien s’éveillât de sa nuit lors de l’appel du chef de la tour nord-est.
"Relève de la garde, attention tout le monde a son poste !"
Dans les tours de la vieille Cité, les soldats s’agitaient. La lune avait, encore une fois, perdu son éternel combat et le soleil pointait à l’horizon.
Cachée au cœur des montagnes, se trouvait la Cité Perdue. Perdue depuis plusieurs générations, elle gardait en son sein le peuple d’Himona, les Vardens. Ainsi perchée sur les hautes tours, les gardes de la nuit regardaient le soleil en baillant, ceux de la relève observaient ce paysage que tous les conteurs avaient dit unique. La neige tombait sur les cimes apportant parfois un vent froid au cœur de la demeure ancestrale. De courtes plaines succédées aux montagnes si hautes que les légendes prétendaient que durant certaines nuits la lune y restait perchée.
Après l’appel du chef de section, le cor retentit dans l’ensemble de la Cité, annonçant la relève et le nouveau jour. Tahmuit observa la scène de son œil jaune tout en s’étonnant au fur et à mesure que les minutes s’égrenaient. Depuis le temps que son corps et ses crocs protégeaient sa Cité d’accueil, jamais tel spectacle n’était apparue au lever du jour. Le calme, l’ordre et la fébrilité s’incarnaient dans les seigneurs Vardens. Les traditions voulaient que chaque levé du jour soit accueilli par les chants de seigneurs sortants de la taverne après une nuit à vider les tonneaux. Que certain réveil se produise dans des endroits inattendu : dans l’enclos pour les chevaux, sur le toit de la bibliothèque en équilibre précaire sur l’arête du bâtiment, ou encore au milieu du lac près du rempart sud dans une barque sans rame. Les Vardens sont un peuple joueur ou seule une nuit de beuverie avec le reste de leurs compagnons peut leur fournir une distraction égale au plus féroce combat qu’ils mènent chaque jour pour la gloire d’Himona, pour l’honneur de ses fils et pour la joie des combats.
Mais ce matin chaque seigneur sortit de sa demeure au premier son du cor, la porte de la taverne ne s’ouvrit pas et aucun seigneur ne rentrait de combat. Tous se trouvaient présents à la Cité, leur armure d’apparat rivalisant pour chacun de beauté signalant le prestige, la force et la richesse de chacun. Leur armure de vermeil, leur fourreau ceint de pierres précieuses ne pouvaient pas cacher l’anxiété de leur visage. Un évènement avait lieu, important au regard du décorum, triste au regard des visages.
Tahmuit déroula ses anneaux qui faisaient le tour de la cité, sa taille était si grande que les plus haut géant le craignait, elle l’empêchait de vivre à l’intérieure da sa cité. Mais pour l’occasion, il passera sa tête pour suivre l’évènement. Se dressant de la moitié de sa hauteur, il passa son corps sur la muraille et suivit de son regard l’animation des seigneurs.
Durant plusieurs heures ils terminèrent la mise en place d’une cérémonie. Chacun affairait à une tache. Guidé les sorciers pour rendre à la Cité son éclat d’origine, installer les banderoles de fête, monter au centre de de la cité une scène. Assez grande pour une cinquantaine de personnes, elle témoignait par sa taille de la foule qui suivrait le reste de la cérémonie. N’étant pas d’une grande aide Tamhuit reposa sa tête à l’extérieur en attendant l’évènement.
Plus tard, lorsque les cors le réveillèrent. Lorsque la foule réussit à faire trembler le sol sous son corps, il se releva et dirigea sa tête vers le centre de l’animation. La foule applaudissait à s’en briser les os comme pour masquer derrière ce bonheur apparent une tristesse bien plus profonde. Sur l’estrade se détachait deux groupes d’homme. L’un composé des anciens de la cité : Ancien de nom car leur bras était resté assez fort pour vaincre sur le champ de bataille et l’autre composé par un groupe plus jeune dont la flamme d’ambition, de conquête semblait rendre terne les anciens. Le silence revint peu à peu. Les applaudissements s’estompèrent, laissant place à un calme de mort. Approchant sa tête plus près, Tahmuit vit qu’un homme approcha de l’estrade et d’une voie empruntée d’émotions déclara :
"Aujourd’hui est le jour d’une nouvelle ère. Aujourd’hui est le jour d’une nouvelle naissance. Aujourd’hui et le jour de notre retour ! La Cité, notre Cité, vient de renaitre, si son âme reste la même, son corps subit une nouvelle jeunesse. Ce jour est notre, bientôt Inutopia courbera l’échine devant nous. Nous vaincrons chaque seigneur jusqu’à déposséder le Black Knight de ses terres. Chaque armée craindra de nouveau notre nom et chaque seigneur ennemi tremblera au son de nos pas. Nous restons Vardens mais le vent a soufflé, apportant du changement.
Aujourd’hui nous fêtons les anciens qui nous ont permis d’apporté un crane dans notre salle de trophée. Aujourd’hui nous ouvrirons les tonneaux pour nos victoires futures. Fêtons ces jours dignement et n’oublions jamais qui nous sommes.
Gloire à Himona ! Gloire à ceux chantant ses louanges ! Gloire à chacun des fils, filles et alliés d’Himona !"